En fuite [Libre]

Le soleil se couchait enfin. Owen avait pu se permettre quelques heures de sommeil cette fois en se cachant au fond d’un cul-de-sac sous des sacs poubelles et avait même pu se trouver à manger. Côté odeur et confort ce n’était pas parfait mais au moins il était bien caché pour pouvoir enfin se reposer. Il avait passé les derniers jours à marcher pour s’éloigner de la côte et était bien conscient de la chance qu’il avait d’être encore vivant. Il se cachait le jour, marchant la nuit afin d’éviter de trop attirer l’attention. En effet, il pouvait quand même être facilement repérable avec le sang sur ses vêtements et son accent plutôt prononcé. Heureusement, il avait quelques bases en français mais n’avait pas vraiment eu l’occasion de l’employer quotidiennement. Sachant que les autorités seraient à la recherche d’un anglais, il évitait donc de parler pour ne pas aggraver son cas. Mais Owen était bien conscient qu’il ne pourrait pas vivre longtemps ainsi et qu’il n’avait que deux options : la mort ou trouver un moyen plus pratique de se cacher. Après tout, il ne devait pas être le seul recherché dans ce pays !

Il écarta les quelques sacs qui l’avaient recouvert mais resta assis parterre un instant. Owen examina encore une fois ses blessures. En s’enfuyant, il avait été touché à la cuisse gauche et directement dans les côtes. Il avait eu beaucoup de chance de n’être atteint par aucun coup mortel. Mais ses plaies lui nuisaient beaucoup lors de ses déplacements mais la douleur était supportable car l’idée d’une mort peu plaisante était une excellente motivation. Faute de moyens, il s’était contenté de déchirer sa veste pour se faire des bandages et éviter de perdre trop de sang mais n’en avait pas fait plus pendant ces derniers jours. Il avait tenté de retirer les balles mais sans succès car elles s’étaient enfoncées bien plus profondément qu’il ne l’avait cru. Ça sentait l’infection…mais il ne pouvait rien faire d’autres pour l’instant, il devait attendre que ça se calme. Avec ce qu’il avait fait, ça pouvait prendre beaucoup de temps avant que les recherches actives cessent. Ironiquement, à Versailles il se sentait plus en sécurité car qui le croirait assez fou pour se terrer dans la ville où il pourrait être le plus en danger.

Posant une main contre le mur, il tenta de se relever. Un geste simple qui lui semblait devenir de plus en plus difficile. Owen aurait bien aimé être chez lui, bien tranquille loin de toutes ces histoires de pouvoirs et d’injustices. Il savait qu’il ne pouvait tout simplement pas faire comme tout ces gens et rester là les bras croisés à se faire marcher sur la tête par des gens qui avaient pour seul mérite d’être né dans la bonne famille sous prétexte que son nom à lui ne voulait rien dire. Alors, il allait travailler, faire en sorte que son nom ne s’oublie pas, prouver que les gens du peuple ont eux aussi une importance et qu’ils ne sont pas de simples pions là pour le bon plaisir des rois de ce monde. Se redressant après quelques tentatives infructueuses, il fit quelques pas afin de sortir du cul-de-sac. Il fallait qu’il bouge, rester au même endroit c’était le meilleur moyen d’attirer l’attention. Owen avait prévu traverser la France puis l’Europe. En faite, aller le plus loin possible, se terrer en Asie pour planifier un prochain grand coup. Réaliste, il se doutait bien que ça ne serait pas possible et puis, il était toujours préférable de rester au front. Peut-être qu’il réussirait à trouver des alliés en France qui l’aideraient le temps qu’il se remette sur pied. Son problème était maintenant de savoir où il pourrait les trouver puisqu’il se devait d’éviter les contacts…S’en tenant à son premier plan, il se mit à marcher dans les rues, se tenant dans les coins sombres afin de passer inaperçu. Il savait qu’il devait vivre un jour à la fois car si ce n’était pas les autorités qui l’achevaient c’était ses blessures qui s’en chargeraient mais au moins, il y avait toujours moyen de trouver des solutions.

♪ Comérages : 84 ♪ Entrée à la cour le : 27/04/2011

Versailles, mon terrain de jeu favori grouillait en cette sombre nuit d'uniforme policier. A chaque coins de rues, recoins de magasins, angles de maisons se trouvait une patrouille, en effet c'était quelque peu la panique. Des personnes mal intentionnés venaient de saccager la demeure d'un grand Royaliste, Monsieur De Larignant. Jetant un regard à mon petit groupuscule de malfrat j'eus un sourire narquois. Nous avions une victoire de plus à nos conteurs, nous venions de mettre une nouvelle épine dans les pieds de nos chers imposteurs de souverains, comment allaient-ils expliquer tout ça demain matin ? J'en riais déjà, d'un rire que j'aurais voulu guttural et jouissif, cependant l'heure n'était guère à la rigolade, il fallait impérativement que je ramène ma troupe envie. Le clan des Rebelles n'était pas une association caritative que j'avais fondée pour les clochards en perdition, non elle était ma famille et je me devais de protéger chacun d'entre eux. J'étais responsable d'eux, et s'il avait fallu j'aurais donné ma vie pour eux qui possédaient peut-être encore une chance d'être sauvés lors du jugement dernier, car pour moi, Dante Sardz De Darzon tout était déjà joué. Quiconque m'avait dans sa ligne de mire avait la permission, non que diable, lors de tirer sans somation. Je n'étais pas jugeable, je n'étais plus un citoyen, j'étais un ennemi d'état. Et si encore aujourd'hui je luttais au lieu de m'enfuir comme un lâche la queue entre les jambes c'était pour eux, mes six petits larbins adorés et peut-être pour elle...

« Le butin de ce soir ira dans les caisses du Salvatore ! »

Je déclamais en remettant ma capuche sur ma tête. Annaëlle et Annabelle s’émerveillèrent de joie et nous quittèrent pour rejoindre ledit bar. Léon, Donovan, Ambrose, Louane et prîmes une autre route. Nous devions nous séparer au plus vite. Restez ensemble trop longtemps nous perdrait, je le savais, mais je ne pouvais pas les lâcher n’ importe où. Les ruelles appelées plus communément les coupe-gorges s’ouvrirent à nous, d’un geste sec j’indiquai à Louane et Donovan de prendre à droite tandis que Léon et Ambrose m’emboitèrent le pas. Ah…Ces deux là. Ambrose était mon véritable petit frère, nous partagions le même sang, il était la personne qui comptait le plus à mes yeux et Léon, ce bon et fidèle Léon, il était comme un frère, mon bras droit depuis d’innombrables années déjà, la différence entre ce brave homme et moi se trouvait être l’identité, monsieur trouvait le moyen de combiner ces activités nocturnes et celles de la cours, il pouvait donc se montrer de jours comme de nuit au contraire de moi qui, pour plus de sureté ne pouvait se montrer que de nuit et encore.

« Hé vous ! ».
Merde.
Je pressai le pas.

« Hé arrêtez-vous ! ».
Crève.

Faisant volte-face je glissai délicatement mon silencieux le long de ma cape.

« Au nom de la l... ».

La ferme.

BANG. Je venais d'appuyer sur la gachette.

« On bouge et vite »

J’ordonnais la mâchoire crispée alors que mes deux victimes s’écroulaient sur le bitume froid.Tuer n’était guère une jouissance pour moi, j’évitais le plus possible d’en venir au meurtre mais lorsqu’il fallait choisir, je choisissais les miens comme je l’avais toujours fais. Nous tournâmes promptement dans la deuxième ruelle, une chance j’en connaissais leurs moindres recoins mieux que ma poche. Bientôt des troupes de cinq agents sillonneront les ruelles. Il fallait faire vite, nous tournâmes à droite, puis de nouveau à gauche. Ambrose et Léon ne posaient guère de question, non, ils avaient confiance, comme toujours. Un éclat de voix attira mon attention, je repoussai violemment mes deux amis dans une ruelle sur ma droite. Léon s’avéra coller à mon dos tandis qu’Ambrose avait reculé d’une bonne dizaine de pas. Soudain un bruit se fit entendre, il provenait de derrière nous, juste derrière Ambrose. Immédiatement Léon dégaina vers Ambrose qui ne bougeait plus d’un pouce. Quant à moi, je me devais de surveiller, toutefois j’avais autant de confiance en mon bras droit qu’il en avait en moi. Il allait me régler ça en moins de deux et nous allions nous mettre à l’abri illico presto.

Tout c’était mit à bouger un peu trop vite au goût d’Owen aux alentours. À peine sorti de sa cachette et voilà que les policiers se mirent à sillonner les rues. Il avait dû se passer quelque chose pour qu’il y en ait autant ce soir là. Dire qu’il avait cru pouvoir se reposer un peu et pouvoir se permettre d’être moins méfiant ! Après tout, environ une dizaine de jours avaient passé depuis l’attentat contre le roi dont il était l’auteur…et il avait enfin cru pouvoir laisser sa paranoïa de côté. Tentant d’accélérer malgré l’handicap causé par ses blessures, Owen voulu aller se mettre en lieu sur. Il entendit alors une voix avec ce qui lui semblait être un très gros accent.

- Hé vous !

La voix semblait lointaine et Owen su que ça ne s’adressait pas à lui. Apparemment, quelqu’un d’autre avait des ennuis dans le coin. De nombreux autres éclats de voix parvinrent à ses oreilles alors qu’il tentait de s’éloigner de leur provenance. Il sentait son cœur battre la chamade, ce qui eut pour effet d’empirer un peu sa situation puisque le sang se remit lentement à couler de ses blessures. Mais il n’avait pas fait tout ce chemin pour se faire prendre parce qu’il paniquait un peu ! Le jeune anglais entendit alors des pas résonner sur le sol, plusieurs personnes courraient et il n’était pas du tout au bon endroit. Il voulu courir mais une main se posa sur son épaule et on l’envoya contre un mur. Un peu sonné par l’impact, il croisa le regard d’un policier. Owen sentit alors quelque chose monter en lui, une sorte de rage. Il n’acceptait pas de se retrouver prit ainsi, il avait échoué sa mission et comptait bien retenter sa chance. Et ce n’était pas cet imbécile qui allait l’en empêcher. Le policier l’attrapa par le collet et se mit à lui parler plutôt agressivement mais Owen avait du mal à saisir ce qu’il disait. L’homme lui attrapa alors les bras pour les plaquer au-dessus de sa tête. Le jeune se servit alors de cet appuie. Il posa sa jambe blessée contre le mur pour se donner un élan et envoyer un coup de pied au policier qui à cause de la surprise et sous l’impact recula et tomba au sol. Rapidement, Owen sortit son arme et tira une balle dans la tête du policier. Le bruit attirerait sûrement beaucoup de gens mais avec un peu de chance il pourrait s’éloigner à temps.

Ne perdant pas de temps, il tenta d’oublier la douleur pour s’enfuir le plus vite qu’il pouvait. Owen détala dans les ruelles sans trop savoir où il allait atterrir jusqu’à se retrouver face à face avec le canon d’une arme. Trois hommes étaient devant lui et il ne savait pas trop comment réagir face à eux. Au moins, ils ne semblaient pas être de la police. Instinctivement, il s’arrêta et leva les mains en l’air pour faire signe qu’il n’avait pas l’intention d’attaquer. Mais s’arrêter ainsi, aussi brutalement ne fut pas une bonne idée, il sentit sa jambe fléchir et tomba à genoux.

- Damn it…..

Grogna-t-il en serrant les dents.

♪ Comérages : 84 ♪ Entrée à la cour le : 27/04/2011

Les sages petits chiens de rois et de la reine passèrent et repassèrent sous notre nez avant de finir par baisser la cadence, nous allions enfin être un peu plus tranquille. Assez en tout cas pour que je règle le petit souci encore à mes yeux inconnu. Pour plus de sureté j'attendis quelques minutes encore, rien ne sert d'aller trop vite, tout vient à point à qui sait attendre. Je savais attendre. Depuis des années j'attendais. J'attendais dans le noir comme un loup solitaire que le monde ouvre les yeux, et j'ouvrais ma tanière et présentais ma meute à ceux qui en valaient la peine. Les échos de voix se voilèrent enfin. Précautionneusement je me retournais vers l'action en cours. Il me fallait à présent examiner la situation, réfléchir, prendre des décisions, éviter qu'Ambrose ou Léon ne soient blessés tout cela en un temps records et dans un silence des plus complet. Sous mes iris malicieux mon fidèle Léon braquait son arme vers une silhouette située juste à côté de mon petit frère.

Mauvaise pioche.

J'effectuai un pas félin en direction du nouveau duo, l'étranger remua, un sifflement dans mon oreille me fit lever la main dans le but de boucher le canon de l'arme, mon ami s'apprêtait à tirer.

Patience ...

L'inconnu, maintenant prostré dans la position d'un homme en état d'arrêt ; les mains levées, ne bougeait plus.

Parfait.

« Ambrose, vient ici. »

Le petit s'avança d'un pas, puis d'un deuxième et la silhouette masculine derrière lui s'affaissa d'un coup. Léon, furibond pour je ne sais quelle raison bandait toujours ses muscles.

« Rabaisse ton arme. »

L'intéressé me scruta avec effroi.

« Rabaisse ton arme maintenant et regarde le une seconde avant de jouer l'animal en rut et tirer sur tout ce qui bouge. Il n'est pas tombé par hasard, ses jambes ont tremblé, il n'a pas tenu début, ouvre tes yeux et vois. Il est pris de soubresauts. Et si ce n'est ni la colère, ni la feinte qui l'anime c'est la douleur. Réfléchis de temps en temps. »

Je n'avais d'autre choix que de gronder, un nouveau retentissement d'arme à feu aurait réveillé le chat endormi. Bien que peu convaincu De Greenalts laissa tomber son arme le long de son corps.

« On devrait partir. Ce type ne nous apportera que des ennuis. Ce n'est pas nos affaires. »

Mon bras droit avait entièrement raison, je devrais continuer ma route en écrasant l'insecte puant qui se mettait en dehors de ma route. Toutefois, il était à terre. Quel qu'il soit cet homme venait de s'effondrer devant moi, je n'avais plus aucun doute sur le fait qu'il soit aussi recherché que nous. Ambrose devina mes songes et s'approcha, me servant à nouveau de mon bras je l'arrêtai. Il ne se mettrait pas en danger à cause d'un de mes rares élans de compassions. Mirant sans relâche la bête blessée je finis par croiser son regard. J'y ai lu plus de courage qu'il n'en avait, j'y ai lu une grande force, mais j'y ai lu aussi de la souffrance. Rengainant mon arme sous mon manteau, je m'avançai furtivement vers l'homme. J'étais un Rebelle, le pire de tous, j'avais à mon conteur un nombre incalculable de meurtres plus sanglants les uns que les autres, un nombre indénombrable de délits plus vils et meurtriers que personne n'en aura jamais et pourtant, je me refusais de laisser un homme, me semblait-il mal en point et traqué, dans une ruelle que les agents de police ne tarderaient pas à arpenter. Toutefois, aux premiers doutes je n'aurai d'autre choix que de l'abattre. Je ne pouvais me permettre de mettre en danger Léon et Ambrose. Ce dernier reprit ma place de guetteur tandis que Léon crispait la main qu'il avait sur son arme.

« Trois questions, simple. Mauvaises réponses et l'abruti derrière n'hésitera pas à tirer ».

Il n'y avait à présent plus qu'un mètre entre l'étranger et moi.

« Bonnes réponses et je te tendrais peut-être là main. Compris ? »

J'attendis un signe de sa part, un hochement de tête, un clignement des yeux ou même un oui. N'importe quoi qui me prouvait qu'il comprenait.

« Qui es-tu ? Que cherches-tu ? Et enfin, pourquoi es-tu là ? En vitesse s'il te plait, nous n'avons pas toute la nuit. »

L'énergumène avait intérêt à bien choisir ces mots car ils lui obtiendraient un ticket ou non pour l'enfer.

Super, il avait l’impression d’être coincé avec des cinglés. Qu’est-ce qu’ils attendaient pour le tuer si c’était ce qu’ils voulaient ? En écoutant attentivement, il réussis à comprendre un peu la situation. Apparemment l’imposante silhouette juste un peu plus loin devait être le chef du moins celui qui avait le plus d’autorité entre les trois dont il pouvait distinguer les silhouettes. Owen tenta de trouver un moyen de se sortir de là. Il regardait autour en réfléchissant. Au moins ça s’était sa force. Mais à cause de la douleur, il avait beaucoup de mal à se concentrer. Celui qui semblait diriger s’approcha alors petit à petit de lui. Le jeune anglais ne le quittait pas des yeux, espérant que son corps le laisse réagir au moindre geste. Dante lui adressa la parole, Owen compris que ce n’était pas le moment de faire de long discours ou de lui demander de parler plus lentement. Après quelques secondes pour traduire ce qu’il venait d’entendre, il acquiesça d’un signe de tête. Il n’avait aucune intention de mentir car ces hommes ne semblaient pas avoir d’excellents liens avec les flics et ne le livreraient donc sûrement pas à la justice.

- Mon nom est Owen Gray

Il avait beaucoup d’hésitation en parlant mais ce n’était pas parce qu’il tentait de trouver un mensonge qui passerait ou qu’il n’était pas certain de ce qu’il disait mais simplement parce qu’il tentait de parler leur langue. Owen espérait être compréhensible malgré son accent. Sa voix tremblait un peu et c’était beaucoup plus à cause de la douleur qu’à cause de la peur. Après tout, l’idée de mourir lui était de plus en plus tolérable avec ce qu’il vivait depuis quelques jours.

- I’m…je suis…je cherche...cacher

Il n’était pas si terrible que ça d’habitude en français mais disons que là il n’avait pas trop le temps de faire attention aux détails. Ça aurait été tellement plus simple s’il avait pu glisser sa main dans sa poche et en tirer un avis de recherche qu’il avait arraché d’un mur pendant son trajet et qui prouvait bien qui il était et ce qu’il avait fait. C’était un des rares avantages à être recherché un peu partout.

- Je suis de la english resistance et je essayer vivre.

Il aurait peut-être dû dire survivre à la place. Owen espérait ne pas se tromper sur le compte de ces hommes et que mentionner les rebelles anglais lui donnerait un coup de pouce. Il ne parla pas de la tentative d’assassinat, ça aurait été trop compliqué à expliquer et de toute façon ils le sauraient bien assez vite quand tout le monde se serait calmé et qu’Owen aurait du temps pour s’expliquer. Il releva la tête pour regarder directement Dante et attendre sa réaction. Cet homme ne lui semblait pas effrayant mais par contre lui paraissait inspirer un certain respect. Il ne semblait pas s’en faire de tuer quelqu’un mais d’un autre côté ne semblait pas vouloir le faire pour rien, donc il ne travaillait sûrement pas pour le roi.

♪ Comérages : 84 ♪ Entrée à la cour le : 27/04/2011

Son nom ne me disait absolument rien, je tournais légèrement la tête vers mes compères afin d'obtenir leur incontournable avis. Ils hochèrent négativement la tête. Bien. Jeune homme de race blanche à la tignasse noir ou châtain, encore inconnu au bataillon. Ce qui me tracassait le plus ? Ne pouvoir distinguer les très de son visage de souillon. Coincés entre des bâtiments et ne bénéficiant guère d'une lune pleine cette nuit s'avérait sombre si sombre qu'il aurait fallu nous dévoiler aux yeux de la flicaille, chose qui se trouvait être impensable. Immobile, j'écoutais la laborieuse suite en fronçant les sourcils. Le pouilleux possédait un accent à s'arracher les cheveux, la conversation allait s'avérer laborieuse et cela m'exaspérait d'ors et déjà. Mais bon, j'avais accepté de donner une chance à cet inconnu, je me devais d'aller jusqu'au bout, on est un homme de parole ou on ne l'est pas, il n'y a guère d'entre deux. Le damoiseau non français cherchait à se cacher. Je levais les yeux au ciel. Ca, j'aurais presque pu le deviner tout seul, comme un grand ! Toutefois, la suite attira mon attention, elle se trouvait être bien plus qu'intéressante pour un cerveau tel que moi.

Subitement je me mis à rire, un rire que seules les trois personnes autour de moi pouvaient ouïe. Owen Gray. Owen Gray ! C'était donc lui qui nous cassaient les noises depuis des jours ! L'imbécile irréfléchis mais courageux qui avaient tenté une pure folie, s'attaquer directement au problème. Owen Gray, je ne pouvais plus m'arrêter de rire. Puis sans prévenir je me figeais. Pouvait-on lui faire confiance ? Toute cette mascarade n'avait-elle pas été organisée par nos souverains dans le but de nous atteindre ? Je ne pouvais me permettre de mettre en danger ma famille. Nous étions déjà bien organisés. Pourquoi ramasser ce mendiant ? Le jeu avait assez duré. Je refusais d'écouter mon instinct, mon coeur d'homme. Mon devoir primait ; Protéger. Protéger les miens, mon groupe, ma famille, les Rebelles et non leur ramener un traître usurpant l'identité d'un homme de courage et de conviction, un homme aussi respectable que tous ceux dont je me trouvais responsable. Dans un autre contexte, peut-être que j'aurais pris le temps d'étudier son cas mais là, nous étions tous pourchassés par les chiens du Roi, et nous filions tout droit au repère B. Si cet homme disait vrai il y serait le bienvenu mais si tout ce qu'il avait dit n'était que foutaises et calomniés alors il décimerait une grande partie des miens. Avais-je le droit de leur faire ça ? Avais-je le droit de mettre leur vie ainsi en péril ? Oui car je les dirigeais, oui car ils plaçaient en moi une confiance aveugle et non parce qu'ils étaient pour moi une famille et que ma conscience ne me laisseraient jamais leur faire une telle chose. Effectuant un tour de 180 degrés je rejoignis mes compagnons, abandonnant à son triste sort l'étranger anglais, le soit disant Owen Gray.

Assassin.
Menteur.
Traitre.

A la sortie de la rue je me figeais, adressant un dernier regard à l’homme que nous laissions derrière nous et qui n’avait pas bougé d’un pouce. Avais-je déjà laissé quelqu’un quel qu’il soit derrière moi en sachant que sans mon aide il ne tiendrait pas la nuit ? Et si Ambrose était à sa place ? Ne lui avais-je pas donné une chance et ne l’avait-il pas saisit ? Quel genre d’homme j’étais pour fuir ainsi, quel genre de chef j’étais pour abandonner un blessé ?

« Si tu as mentis, je te jure sur l’honneur que tu regretteras de ne pas avoir trouvé la mort ce soir .»

Cette phrase aussi glaciale et cinglante qu’une lame s’adressa bien évidemment à l’Anglais.

« Dante, tu ne devrais pas faire ça ! »

L’opposition de Léon me parut une fois de plus juste.

« Je sais. Mais je lui ai donné sa chance et il l’a saisi. Serais-je l’homme à qui tu offres ta vie tous les jours si je laissais derrière moi blessés et mourant ? Serais-je l’homme en qui tu places une confiance aveugle si je ne tenais pas mes paroles, Léon ? »

Le concerné baissa la tête. Il comprenait. Je n’allais pas ordonner à mon bras droit et à mon frère d’aller porter secours au pseudo – Owen Gray. Ce n’étaient pas à eux de le faire, c’était à moi. Cette fois il n’y avait plus aucun mètre, aucun centimètre, aucun millimètre entre l’étranger et moi. Plus rien. Je m’abaissais et lui tandis mon épaule afin de le soutenir jusqu’au repère B. Jusqu’au Salvatore.

« Essaie de te lever. Tu viens te cacher avec nous. »

J’utilisais volontairement des mots simples qu’il pourrait aisément comprendre. Secrètement, j’étais avide de connaitre son histoire, mais pour l’heure nous devions encore nous faufiler dans les Ruelles jusqu’au Salvatore sans se faire repérer et avec un homme blessé de sucroit.

« Dis-moi si ça va trop vite. Si tu ne tiens pas le coup. Je te porterai, ok ? »

Owen n’apprécia pas du tout le rire de l’homme quoiqu’il ne savait pas vraiment pourquoi il riait ainsi. Était-ce parce qu’il devait avoir l’air parfaitement ridicule vu la façon dont il s’exprimait ? Ou plutôt parce qu’il ne croyait pas un mot de ce qu’il racontait et s’apprêtait à le tuer ? Ou tout simplement parce qu’il avait compris et qu’il pensait à l’échec que le jeune anglais avait essuyé ? En faite, c’est vrai que son acte n’avait pas été longuement réfléchit et planifié comme il avait l’habitude de le faire. Mais il avait quand même fallu qu’il dissimule l’arme sous une pierre de la grande place où le roi allait se rendre pour pouvoir se glisser dans la foule sans se faire arrêter en se faisant fouiller. Ça avait été un geste plutôt impulsif de vengeance pure et simple, vengeance indirecte certes mais tout de même il avait été guidé par sa rage. Owen n’était pas un lâche mais pas un parfait idiot non plus et c’est pourquoi il ne tenta pas de se défendre face à se rire qui lui parut blessant. Le rire en question cessa subitement, ce qui fut encore moins rassurant. Il savait qu’il avait son arme et qu’il restait encore quelques balles à l’intérieur mais seul contre ces trois là il n’avait aucune chance. Dante s’éloigna alors. Croyant qu’il l’abandonnait là, se disant qu’il n’aurait pas pu mieux espérer, Owen tenta de se relever pour partir de cet endroit au plus vite mais il n’y arriva pas et s’immobilisa un moment pour se mettre à réfléchir. Il devait bien y avoir un moyen de se tirer de cette situation, il y avait toujours une solution, suffisait de trouver laquelle…

Subitement, l’homme se retourna vers lui et s’approcha d’un pas plus rapide en lui indiquant qu’il avait intérêt à être vraiment celui qu’il prétendait. Au moins, là-dessus Owen savait qu’il n’aurait pas de problème. Owen n’avait jamais songé avant de l’entendre dire, que quelqu’un aurait pu tenter de se faire passer pour lui. Mais c’est vrai que ça aurait été une excellente technique pour infiltrer les rebelles afin de les décimer. Malheureusement, personne ne semblait y avoir pensé, encore une preuve que ce n’était pas la richesse qui faisait l’intelligence. Par contre, il comprenait mieux la méfiance de Dante et fut très reconnaissant que malgré tout il lui vienne en aide. Il écouta alors ce qu’ils se dirent, apparemment pas très d’accord sur ce qu’ils devaient faire de lui. Il entendit quelques mots qu’il ne comprenait pas et finit par saisir qu’il s’agissait de leurs noms. Il se mit alors à fouiller dans sa mémoire afin de savoir s’il les avait déjà entendus mais fut rapidement tiré de sa réflexion par Dante qui disait de se lever. Owen posa sa main sur son épaule pour y trouver un appuie et réussis à se redresser grâce à sa jambe intacte. Il grimaça un instant avant de pouvoir se tenir debout correctement. Owen fit quelques pas, la douleur fut fulgurante mais il était bien trop orgueilleux pour accepter qu’on le porte ! Après tout, il tenait encore debout alors il pouvait bien marcher. Il suivit les hommes en allant au même rythme qu’eux, faisant tout pour ne pas être le boulet qui pourrait les ralentir et leur nuire, il le regretterait plus tard. Owen faisait des efforts pour penser à autre chose qu’à la douleur qui le traversait presqu’à chaque pas. Il était confiant d’avoir réussis à tomber sur les rebelles français qui œuvraient pour à peu près la même cause que lui. Il savait que les deux groupes d’Angleterre et de France n’avaient que très peu de contacts, ils avaient déjà bien assez de travail à faire de leur côté. Mais au moins ils s’apportaient certains support, surtout monétaire, quand la situation l’exigeait.

- Je peux marcher

Indiqua-t-il simplement quand on lui proposa de le porter. Il parlait un peu mieux puisqu’il se concentrait entièrement sur sa réflexion pour éviter de penser à la douleur. Par conséquent, il avait plus de facilité avec les traductions. Owen suivit les trois hommes à travers les ruelles sans vraiment savoir où ils l’emmenaient. Il aurait dû être plus méfiant, peut-être qu’ils voulaient le livrer aux autorités malgré que tout semblait indiquer le contraire, ou sinon s’amuser un peu avant de l’achever. Mais le jeune anglais se dit qu’il n’avait pas grand-chose à perdre puisque s’il ne les suivait pas, il se ferait tuer de toute façon. Et puis, peut-être que son idée était la bonne, qu’il était véritablement tombé sur des rebelles qui pourraient se montrer des alliés, sans doute les seuls qu’il pourrait trouver dans ce pays. Pendant toute la durée du trajet, il n’y eu qu’un seul moment où il dû s’appuyer sur l’épaule de Dante pour ne pas tomber mais se repris rapidement. Déterminé, il ne laisserait pas paraître une faiblesse alors qu’il était si prêt du but.

» Je déteste la monarchie.